Publié pour la première fois le 24 juillet, 2015 par Jorge Alvarado

De « All-American » à « Hola América » : avec ses 52,6 millions d’hispanophones, plus que n’en compte l’Espagne, les États-Unis sont devenus le deuxième pays de langue espagnole, derrière le Mexique. Mais cette situation ne saurait durer, puisqu’en 2050, la population hispanophone des États-Unis aura atteint 132,8 millions, soit plus que celle de tout autre pays du monde.

[1]

Et bien que plusieurs se soient exclamés « Ay, caramba! » en apprenant cette nouvelle, bien d’autres s’y attendaient.

Se habla espanol?

On sait après tout que la population que l’on dit « hispanique » constitue déjà le principal groupe minoritaire des États-Unis, fort de 17 % de la population du pays : en gros, 1 Américain sur 6 en fait partie[2]. Son poids politique se fait déjà sentir, comme on l’a constaté lors des élections présidentielles de 2004 et 2008, où le vote « latino » a pris une importance cruciale. Attendez-vous à une recrudescence de l’appel « Sí se puede! » (Oui, nous le pouvons!) à l’approche des élections de 2016.

En outre, la force économique de ce groupe a progressé à un point tel que la population hispanique pourrait équivaloir à un pays assez considérable. En 2012, selon le Selig Center for Economic Growth, le pouvoir d’achat de la population hispanique était de 1,2 trillion de dollars américains, ce qui placerait la communauté hispanique américaine au 16e rang des économies mondiales, avec un PIB supérieur à celui de la Turquie et à peine plus faible que celui de l’Indonésie, 4e pays le plus peuplé du monde[3].

Une puissance qui n’a pas dit son dernier mot

Aussi impressionnante soit-elle, cette communauté ne cesse de grandir, alimentée par une croissance annuelle que l’on chiffre à 11,7 %. Si la tendance se poursuit, près d’un Américain sur trois sera hispanophone en 2050[4].

la signalisation du marché hispanique
Le poids économique de cette population n’est pas moins impressionnant. En effet, le pouvoir d’achat des Hispaniques s’est accru d’au moins 100 % par décennie aux États-Unis : de 212 000 millions de dollars US en 1990, il est passé à 978 000 millions en 2009 et devrait atteindre 1,6 trillion en 2018[5]. Le pouvoir d’achat des Hispaniques augmente plus vite que celui des autres communautés, que ce soit les Afro-Américains ou les Autochtones[6].

La part du pouvoir d’achat détenue par les Hispaniques aux États-Unis a presque doublé, passant de 5 % en 1990 à 9,1 % en 2009. Dans certains États, comme le Nouveau-Mexique, elle a atteint 30,9 %, tandis qu’ailleurs, comme au Texas, en Californie et en Floride, elle se situe entre 15,4 % et 20,1 % .[7].

Les hispanophones restent hispanophones

Le marché hispanique se distingue notamment par son attachement envers sa langue maternelle et bien d’autres richesses de son patrimoine. On note par exemple que plus de 73 % des familles hispano-américaines parlent espagnol à la maison[8]. Effectivement, la taille de cette communauté lui permet de conserver la langue espagnole en l’utilisant au quotidien.

signes espagnoles

Cet attachement explique en partie la signalisation bilingue que l’on trouve dans un nombre croissant de commerces, les annonces bilingues entendues dans beaucoup de lieux publics et l’expression « Para español, presione el 1 » qui accueille de plus en plus souvent les Américains qui composent un numéro de téléphone 1-800. Mais les répercussions se font sentir au-delà de la signalisation et des messages enregistrés. L’accès à cet énorme marché exige un travail d’adaptation et de localisation plus complexe. Un message clair qui concorde avec les traits caractéristiques et la culture de ce public et qui s’adresse à lui dans sa langue peut faire toute la différence entre un « Si » et un « Hasta la vista » de la part d’un client potentiel appartenant à ce segment de population.

Sources:

[1] Instituto Cervantes, « El español: una lengua viva, Informe 2015 »[2] Estimations de population du U.S. Census Bureau, 1er juillet 2013[3] Jeffrey M. Humphreys, The University of Georgia Terry College of Business, Selig Center for Economic Growth, « The Multicultural Economy 2013 »[4] Instituto Cervantes, « El español: una lengua viva, Informe 2015 »[5] Jeffrey M. Humphreys, The University of Georgia Terry College of Business, Selig Center for Economic Growth, « The Multicultural Economy 2013 »[6] D. Fernández Vítores (2013), op. cit.[7] Jeffrey M. Humphreys, The University of Georgia Terry College of Business, Selig Center for Economic Growth “The Multicultural Economy 2013”[8] Instituto Cervantes, « El español: una lengua viva, Informe 2015 »
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